mercredi 9 juillet 2008

Les banques islamiques : principes et ce qui fait débat (1ère partie)

La banque islamique, vue la croissance qu'elle connaît à travers le monde, se positionne en tant qu'un sujet de recherche et de réflexion de premier ordre. Cet article se veut comme une introduction pour la problématique des banques islamiques qu'on va décrotiquer davantage au niveau des prochains articles.
J'insiste sur le fait que les difficultés exposées ci dessous ne seraient pas de nature à compromettre l'avenir du concept islamique.
Développement du concept de Banque Islamique :
3 phases :
  • 1ère Phase : Après la seconde guerre mondiale, la première banque islamique a vu le jour en Egypte en 1963 en réponse à la prise de conscience généralisée de l’identité islamique concomitante à la naissance des théoriciens musulmans.
  • 2ème Phase : après la guerre d’octobre 1973 suivie des 2 grands chocs pétroliers qui ont généré d’énormes excédents de pétrodollars d’où la nécessité de recyclage. Dans ces conditions, il y a eu le démarrage de l’industrie bancaire islamique.
  • 3ème Phase : Après la guerre du golf, il y a eu une accélération du développement.
    On constate qu’après chaque guerre dans la région, les banques islamiques connaissent une relance de leur activité, ceci est dû essentiellement à l’augmentation du prix du pétrole conduisant ainsi à l’accumulation des excédents et du besoin de placement licite.
Indices boursiers islamiques
Une panoplie d’indices ont vu le jour visant à identifier et à rassembler l’ensemble des titres de sociétés dont l’activité est compatible avec Chari’a.
Ces indices peuvent faire l’objet de Benchmarking comme ils peuvent faire l’objet de duplication pure.
Parmi ces indices, on trouve :
  • Socially aware Muslim Index (SAMI) novembre 1998 par Klain Maus & Shrine avec 500 titres.
  • Dow Jones Islamic Market Index (DJIM) avec 600 titres apparu en Fèvrier 1999.
  • The International investor (TII) ayant vu le jour en Janvier 1999.
    Les critères adoptés de choix de ces compagnies :
    ü Activité n'ayant pas trait aux banques conventionnelles ;
    ü Activité avec ratio dettes/fonds <>
Services de notation islamiques
Parallèlement à l’accélération de l’activité bancaire islamique, un ensemble de services ont vu le jour pour accompagner cette croissance. Parmi ceux-ci, on trouve les services de notation islamiques dont l’activité principale est la notation des banques islamiques visant ainsi une plus grande transparence et une meilleure gouvernance.

Difficultés actuelles
Parmi les limites et difficultés qui font en sorte qu’il y ait frein à la croissance des banques islamiques, on trouve :
ü Les banques islamiques échappent à l’observation des banques centrales au niveau des pays non musulmans, ce qui peut laisser entendre un manque de transparence, etc.
ü Les règles prudentielles non applicables telles que le ratio Cook, Mc Donough, etc. Les banques islamiques sont perçues comme des sociétés d’investissement.
ü Un manque de standardisation des principes islamiques entre les banques islamiques, ce qui crée des confusions.
ü Problème de recours aux liquidités à court terme vue l’absence d’un marché interbancaire. En Malaisie, la Labuan offshore Financial Services authority a vu le jour en tant que marché monétaire islamique sur l’île.
Suggestions de Lachemi Siagh
Pour coordonner les efforts des banques islamiques pour constituer un corps uniforme de règles et de standards islamiques et de normes comptables et d’audit spécifiques à ces établissements.
Ainsi, un système constitué des établissements suivants demeure fondamental :
ü Centre de jurisprudence islamique (Mujama al fikh al islami) à Jeddah.
ü Création de cabinets externes d’audit de la Chari’a.
ü AAOIFI : Auditing and Accounting Organization for Islamic Financial Institutions.
ü Banques centrales : (Supervision des institutions financières islamiques) inspection générale.

Conditions de réussite des banques islamiques

Plusieurs banques conventionnelles ont ouvert des fenêtres islamiques. Toutefois, selon Cheikh Nidam Yaqubi membre du comité de chari’a, les conditions pour l’ouverture d’une fenêtre islamique :
ü Objectifs authentiques des banques islamiques ;
ü Ségrégation entre fonds de la fenêtre et ceux de la banque ;
ü Contrôle effectué par un comité de la chari’a ;
ü Conformité aux standards de l’AAOIFI.
Gouvernance du comité de la chari’a
Rôle statutaire du comité de la chari’a : entité indépendante de juristes spécialisés chargés de passer en revue et superviser les activités de banque (4 à 7 membres).
Ce comité compose un conseil exécutif qui assure l’examination des transactions et approuver celles qui ne posent pas de problème.
Ce comité effectue un audit annuel religieux par des experts de la jurisprudence qui, pour garder leur transparence et leur neutralité, ne sont pas payés dans plusieurs cas.
Ainsi, le comité du Chari’a s’occupe de la conformité des transactions commerciales approuvées par les dirigeants aux principes de la chari’a et du respect par les dirigeants et de la banque de l’éthique islamique.
AHMED TAHIRI JOUTI
DESA FINANCE, AUDIT ET CONTROLE DE GESTION