lundi 1 janvier 2007

L'offshoring au service du développement industriel au Maroc

« L’offshoring est une stratégie visionnaire reposant sur une anticipation calculée à long terme ».

Salaheddine Mezouar, Ministre du commerce, de l’industrie et de la mise à niveau de l’économie

Dans le cadre de la réalisation des principaux volets du plan émergence de la nouvelle politique industrielle au Maroc, l’activité offshoring en constitue le noyau dur, et bien évidemment comme le souligne M. Jamal Benhamou, directeur de l’association des professionnels des technologies de l’information, l’offshoring est l’un des secteurs prioritaires à fort potentiel de développement pour le Maroc.

La tendance actuelle est nettement « pour » un renforcement des pratiques Offshoring. L’offshore devient graduellement l’un des éléments à prendre en compte dans une stratégie de réduction des coûts et d’optimisation de la qualité.

A travers ce travail, on aura l’occasion de clarifier la notion de l’offshoring par rapport à d’autres concepts clés, et définir ses objectifs, déterminer la relation voire l’impact de cette activité sur l’industrie marocaine ainsi que les défis qu’elle présente, étudier les obstacles et risques associés d’une manière générale à l’Offshoring, et mettre le doigt sur les facteurs clés de sa réussite

  • Offshoring : opportunité à ne pas rater

En parlant de l’offshoring, comme étant une offre et une activité en perpétuelle évolution, il est intéressant de clarifier plus sa signification par rapport à d’autres concepts dont il y a le risque d’avoir des confusions, notamment la délocalisation, l’impartition, et l’outsourcing.

En effet :

La délocalisation est le fait de faire à l’extérieur ce qui se faisait intra ‘muros’ avant (CETECH). D’après un rapport du Conseil d’analyse économique, la délocalisation est la fermeture d’une unité commerciale sur le territoire national suivie de l’ouverture à l’étranger d’une structure identique qui aura pour vocation d’approvisionner le territoire national ou de servir les mêmes marchés.

L’impartition est une activité de faire faire, par une firme spécialisée, ce qui est fait avant à l’interne par l’entreprise initiatrice (CETECH).

L’outsourcing, que certains appellent en français l’externalisation, constitue un moyen / un modèle d’affaires qui consiste pour une organisation à faire réaliser par quelqu’un d’autre et à moindre coût, sur une base régulière, des opérations généralement à moindre valeur ajoutée.

Quant à l’offshoring, il s’agit de faire ou faire faire au loin (très loin) ce qui est déjà fait « intra muros » ou ce que l’entreprise faisait faire à proximité. Il présente une définition plus étendue, et consiste à confier tout ou partie d’un projet à des prestataires à l’étranger dans des structures qui ne sont pas forcément identiques et qui bénéficient notamment de coûts de main-d’oeuvre extrêmement bas et de compétences et qualité de services équivalentes. Il s’agit dans ce cas d’une sous-traitance internationale (outsourcing à l’étranger), avec ou sans contrôle capitalistique, induisant des gains de productivité variables selon les options retenues.

Le Maroc a proposé ses offres d’externalisation et devient l’un des concurrents du leader « l’Inde » en mettant en avant ses potentialités en matière de proximité géographique du marché de l’union européenne qui lui permet de se positionner comme un acteur « Nearshore ». Généralement la proximité présente des atouts notables à savoir : une parfaite cohésion dans la conduite des projets sans rupture dans la chaîne de réalisation, une culture et des méthodes de travail identiques, des équipes intégrées et impliquées, des ingénieurs de haut niveau spécialisés par domaine d’activité, une communauté de langue, et pas de décalage horaire. Le Maroc bénéficie aussi de la proximité culturelle et linguistique, et une forte intensité de mains d’œuvre à coûts réduits.

L’offshoring consiste en la mise en place de structures d’accueil pour attirer les marchés de la sous-traitance dans le domaine des services. Il s'agit de capter une bonne partie des mouvements d'externalisation dans les banques, les assurances et les sociétés spécialisées dans l'informatique. Selon les recommandations du cabinet Mc kinsey, les cinq premières années sont délicates, c’est une période où il faut au Maroc créer des “zones intelligentes”, former les ressources humaines et mettre en place un package capable d'attirer les donneurs d'ordre et investisseurs.

Objectifs offshoring:

  • Gains financiers ;
  • Accès à des compétences que l’on n’a pas en interne ;
  • Amélioration de la productivité ;
  • Amélioration de la rapidité d’exécution ;
  • Amélioration de la qualité ;
  • Gains en flexibilité

Aussi parmi les raisons qui poussent à cette activité, le vouloir de bénéficier, soit d'un savoir-faire très pointu, soit d'une législation du travail plus avantageuse sur le plan fiscal ou salarial, ou les deux à la fois. Pour le cas du Maroc, il possède, en effet, une main-d’œuvre qualifiée et à coûts réduits, des infrastructures de télécommunication suffisantes et un climat d’affaires favorable, et en terme de compétitivité, son point fort a trait à sa proximité logistique des Etats-Unis et de l’Union européenne, son accès aux marchés arabes et africains, ainsi qu’à certaines de ses ressources naturelles.

  • Défis et Impact de l’offshoring sur la croissance

« Nous avons une expérience offshore, en Chine et en Inde : certes, il faut de l’énergie et de l’accompagnement et ne pas sous-estimer le changement organisationnel (gestion de projet, accompagnement du prestataire, pilotage), mais la démarché est rentable. Perdre de l’argent est quasiment impossible »

Guillaume Soler, directeur responsable du pôle internet et multimédia aux Caisses d'Epargne

Du niveau microéconomique (l’entreprise) au niveau macroéconomique, et d’après les responsables des entreprises à l’origine de l’initiative offshore, l’offshoring a toujours un impact positif pour l’économie et les entreprises, et il constitue un mouvement de fond, c’est un procédé à haute valeur ajoutée et génératrice d’emploi, toutefois il ne faut pas sous estimer voire sous évaluer l’impact des différences culturelles.

L’offshore peut constituer pour le Maroc un moyen ayant un pouvoir d’attraction lié à la fois aux économies de coûts et à la qualité. Ce pilier de la nouvelle politique industrielle ouvrira un grand nombre d’opportunités rentables et de nature structurelle.

Généralement, le défi primordial auquel le Maroc fait face est l’amélioration de sa compétitivité, aussi, il doit relever les défis qui se présentent concernant le côté organisationnel et méthodologique, en privilégiant l’approche de la gestion par les résultats c'est-à-dire ne pas se focaliser seulement sur les objectifs et les moyens mais aussi mettre le point sur les résultats, le côté culturel en maîtrisant bien les procédures en concertation avec les clients, et bien sûr le coté économique en augmentant la productivité.

En fait, les filières informatiques ne sont pas les seules concernées par cette stratégie, les filières Banque et Assurance (gestion des moyens de paiements, gestion des contrats…), et les filières administratives (comptabilité et finance…) sont aussi touchées, tout en étudiant trois volets essentiels à savoir : infrastructure et services world class (classe mondiale), pool de ressources compétitif et aides à la formation, et un cadre sectoriel incitatif. L’offshoring permettra l'accès à un nouveau savoir-faire et au développement de nouveaux métiers dont les standards se situent à une échelle mondiale grâce à l’émergence , à côté des call- centers, des activités offshorables» ciblées, telles que les services d’assistance Internet, les services financiers, les hautes technologies, le développement de logiciels .

  • Obstacles liés à l’offshoring

Les entreprises sont en effet très sensibilisées aux risques du recours à l’offshore et mettent en avant les problèmes de communication avec le fournisseur (différences culturelles, langues, décalage horaire), les risques géopolitiques, la sécurité informatique et la résistance interne des collaborateurs.

Les risques relatifs à la gestion des projets offshore sont accentués et liés principalement à la distance, les différences culturelles, les contraintes en matière de l’environnement social et à la propriété intellectuelle.

Malgré les atouts que possède le Maroc, l'absence d'une politique de prospection de nouveaux marchés, la lenteur de mise en œuvre du commerce électronique et la faible promotion de l'offre nationale entravent et rendent le développement de cette activité un petit peu difficile.

  • Les ingrédients indispensables pour la réussite d’un projet offshore :

L’offshore est un projet stratégique exigeant un mode de travail spécifique qui doit tenir compte des particularités des différentes activités. Pour tirer profit de ce projet et faire face aux difficultés courantes qui peuvent être rencontrées, un certain nombre de critères jugés essentiels et pertinents doivent être pris en considération, notamment le management et l’organisation du déroulement de l’activité, la transparence et la rigueur, avec une excellente communication, un esprit d’initiative et un sens de qualité, et bien sûr l’amélioration des performances tout en respectant les directives des entreprises et les procédures déjà mises en place.

Dans ce même ordre d’idées, le Maroc a mis en œuvre plusieurs actions (citées par M. Mezouar) à savoir : les équipements d’infrastructures appropriés à la nature de chaque industrie, l’instauration des pôles de formation adaptée et l’ajustement fiscal à l’instar des pays pionniers en industrie offshoring. En effet, des prévisions et indicateurs positifs défendent en faveur du Maroc en tant que «destination offshore» de plus en plus prisée dans les années futures.

Somme toute, le développement des activités offshoring est un vecteur incontournable du succès de la nouvelle politique industrielle au Maroc



HAJAR TALHAOUI
ETUDIANT CHERCHEUR
DESA MANAGEMENT INDUSTRIEL
ENCG TANGER

1 commentaire:

Unknown a dit…

c interessant
merci hajar :)